L’art équestre, ou l’art de régir les forces du cheval.
L’art équestre ne doit pas être compris avec une connotation « artistique », ce qui est à contrario bien souvent le cas.
Si je consulte la définition du dressage issue de « Wikipédia », j’y trouve :
« …Le dressage voit dans son aboutissement le mythe du centaure, ne faire qu’un avec sa monture. Le cavalier recherche l’harmonie avec son cheval. Le but premier est de rendre les chevaux agréables dans leur spécialité. Quelle que soit sa discipline de sport équestre, le cavalier s’adonne au dressage pour se lier à sa monture…»
Pour faire allusion à bien des auteurs, je pense qu’en priorité, concernant l’équitation, il faut savoir précisément ce que l’on cherche!
A commencer par monter à cheval : il me semble qu’il faille s’interroger sur ce que l’on en attend, ce qui motive, bref se poser la question du pourquoi, à notre époque, apprendre à monter à cheval ? En quoi le cheval nous attire ?
Là, je ne peux que me référer à mes propres motivations et je me limiterai à dire : « …retrouver en selle la prestance, l’aisance, la souplesse, la noblesse, la grâce, …, tout ce qui m’émeut chez un cheval libre, naturel…, en sorte que sous les directives invisibles de son cavalier, un tiers observateur ne retienne que le la beauté du cheval… qui suit scrupuleusement les consignes de son cavalier… »
Je ne m’attarderai pas sur l’état d’esprit et encore moins sur la subjectivité de « la beauté » du cheval en mouvement, ou encore des aspects esthétiques et philosophiques de l’Art Équestre … ce qui m’amène à placer la compétition à part, incompatible avec l’art au sens d’expression artistique ; si la technique peut être jugée, la subjectivité détourne l’impartialité d’un jugement artistique.
Ceci dit, il ne faut pas oublier que l’art équestre est avant tout l’art de régir les forces du cheval.
Il apparaît que le cheval portant son cavalier se trouve sous plusieurs contraintes : le poids de celui-ci et sa maladresse au sens où le cavalier gêne souvent la gestuelle du cheval par son manque d’aisance en selle d’une part, et la difficulté du fait de devoir se faire comprendre d’autre part.
Avec du recul, je pense que ces maladresses sont à l’origine de la majeure partie des difficultés rencontrées.
Concrètement, pour monter à cheval il faut donc non seulement éduquer et préparer physiquement le cheval, mais il faut aussi que le cavalier devienne … homme de cheval en développant son aisance en selle et en maîtrisant un « langage » qui lui permette de se faire comprendre du cheval ; je fais allusion ici à la mise en selle et au langage des aides. En demeurant conscient de l’importance prioritaire de la mise en selle qui permet au cavalier de se lier aux mouvements du cheval sans le gêner, sans l’entraver ; et c’est seulement avec cette aisance que le cavalier pourra développer la précision de ces aides ! Donc, dans l’ordre, il faut développer la mise en selle pour un emploi cohérent des aides. Plus l’aisance se développe, plus le tact et l’à propos s’affinent. Là se trouve un vaste domaine de recherche au sens où ce degré de « ressenti » n’est pas « figé », au contraire ; il se développe et s’améliore au fil des ans sans avoir de limite.
Pour développer ce tact équestre, il devient évident que le cavalier doit avoir des connaissances théoriques solides associées à une grande pratique. En effet, ces deux aspects sont complémentaires et indissociables.. J’insiste sur ce fait, la théorie est associée à la pratique, et c’est tant mieux ! Révolue, l’époque moyenâgeuse où les chevaliers sont pour la plupart incultes, ne savent bien souvent ni lire ni écrire ! Disons que la Renaissance fait office de révolution en matière de culture, et c’est tant mieux !
MAIS…, à contrario, être cultivé sans pratiquer soi-même n’est guère mieux, voire pernicieux ! Je ne crois pas que l’équitation puisse être du domaine de la théorie OU de la pratique, et encore moins n’être que du domaine de la théorie ! Les deux sont liés, c’est indéniable, mais la pratique demeure prioritaire.
En équitation, il faut être conscient que celui qui n’a pas ressenti … ne sais pas (J.-C. Racinet).
Celui qui ne pratique pas ne devrait pas avoir « matière au chapitre » ! Ce n’est pas pour rien que le général L’Hotte exprimait le fait que « les livres n’instruisent que ceux qui savent déjà ».
Un cavalier « cultivé » sans pratique ne peut être qu’un « pseudo-cavalier ». C’est malheureusement ce que notre XXIème siècle véhicule par le biais d’internet… Comme si le fait d’être cultivé excluait la pratique dont est issue ce savoir ! C’est « le monde à l’envers », reflet de l’évolution de notre société et sa dangerosité apparaît quand ces « faux-connaisseurs » influencent les apprentis-cavaliers. Tout cela pour mettre en avant que beaucoup de nos enseignants ne pratiquent pas, plus ou peu ce qu’ils enseignent ! Ce qui ne remet par en cause leurs compétences, vu que pour obtenir un brevet d’état, cela suppose des compétences reconnues et validées ; mais il y a matière à s’interroger sur le « contenu » de leur savoir dans un domaine où la pratique prime sur la théorie. Pour faire simpliste, je ferai allusion du « qu’en est-il du forgeron qui ne met pas les pieds dans la forge ? ».
Pour ma part, je ne conçois pas qu’un enseignant d’équitation ne pratique pas, ne soit pas capable de présenter un ou plusieurs chevaux dressés par ses soins, imageant par ces chevaux ses compétences techniques et théoriques sur lesquelles il s’est appuyé pour mener à bien ces dressages. C’est un peu le « chef-d’œuvre » du compagnon dont les compétences sont validées par ses pairs, eux-mêmes experts au sens large du terme.
Pour résumer ces dérives de cavaliers érudits « plus ou moins pratiquants », est mise en évidence leur présomption qu’avoir compris intellectuellement puisse faire office de « réalisation » !
Erreur !
Seules les années de pratique assidue, encadrées par un maître chevronné peuvent amener à maturité le tact équestre. C’est par cet « encadrement » que l’apprenti cavalier va développer son ressenti des gestes sains et justes de ceux qui ne le sont pas. Plus l’élève s’instruit, plus il devient à même de travailler « seul » pendant des laps de temps de plus en plus long, sachant qu’il a toujours la disponibilité de son « maître » pour le guider sur les nombreuses questions qui apparaissent au cours de ses études, et ce bien longtemps après que le maître ait validé le degré d’expertise de son « apprenti » !
Concernant l’enseignement de l’équitation, et du dressage en particulier, une multitude de questions surgissent :
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Quels sont les cursus d’apprentissages dans nos écoles d’équitation ?
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L’enseignement « de masse » pose-t-il un problème ?
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Pourquoi la majorité des cours ne suivent-ils pas un « plan structuré », et si structure il y a, pourquoi n’est-elle pas respectée ?
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Les écoles d’équitation répondent-elles plus à des phénomènes de société, la compétition étant un de ses reflets ?
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Comment est défini l’Art Équestre ?
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La compétition est-elle néfaste à l’Art Équestre ?
- Doit-on dissocier la compétition de l’Art Équestre, puisque la compétition devait permettre, comme le décrit l’extrait de l’article 419 du règlement de la FEI, « … de préserver l’Art Équestre des altérations auxquelles il peut être exposé et de le conserver dans la pureté de ses principes… » ? Force est de constater que l’on s’est éloigné de ces directives … pour ne parler que de l’article 419.
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Pourquoi la compétition s’est-elle tant démarquée de l’Art Équestre ?
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Doit-on considérer plusieurs disciplines sous le terme « dressage » ?
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Y a-t-il des « maîtres » d’équitation ?
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Comment envisager les apprentissages équestres sous des rapports de « maître à élève » ?
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Quels sont les critères permettant de considérer tel ou tel cavalier comme « maître d’équitation » ?
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… La liste n’est pas exhaustive !