Mise sur la main ?
Ou pourquoi ne pas mettre sur la main !
L’expression « mettre sur la main » fait partie de ces termes équestres qui engendrent la confusion, comme le ramener pour citer un exemple. Le fait de mettre sur la main implique une action de main qui va de l’avant vers l’arrière !
Ce qui est un acte incohérent… En effet : qu’est-ce que le cheval peut bien comprendre sous l’action simultanée des jambes qui se veulent impulsives et de la main qui agit vers l’arrière provoquant la retenue !
Ce qui fait entrer dans un cercle vicieux dans l’emploi contradictoire des aides.
SAUF… si la main et les jambes n’agissent jamais ensembles ; oups(!)… on ne serait pas dans le principe « main sans jambes / jambes sans main »?
Mise sur la main, ou pas…
Je crois simplement que le cavalier ne doit pas chercher à mettre le cheval sur la main ; c’est le cheval qui rentre dans ses rênes pour se poser sur la main…. à condition que celle-ci ait « apprivoisé » la bouche et que la « qualité/quantité » de contact soit toujours gérée, « réglée » par la main du cavalier.
Et il ne s’agit pas ici de jouer sur les mots : si les nuances ne paraissent pas évidentes, elles le sont pour le cheval. C’est tout du moins ce que je constate au quotidien !
D’un point de vue « gymnastique », le cheval est d’abord mis en élongation (rentre dans ses rênes), puis se grandit dans la mise en main. La bouche ayant accepté la main dans l’élongation, elle en vient à suivre cette main où qu’elle aille. La main guide le balancier « tête/encolure », ce qui conduit à des postures favorables aux mouvements rendant évident le principe :
« la position précède l’action ».
Respecter la « nature du cheval »,
soigner la mise en selle !
Une condition essentielle réside dans la parfaite connaissance de la « mécanique » des allures du cheval, car le cavalier sera amené à agir sur les mouvements naturels de ces allures pour les amplifier, les atténuer, les retarder, etc…., pour former petit à petit les allures et Airs d’Ecole.
Si de nos jours un courant « Nouvelle Equitation à la Française » mentionne d’influencer sans détruire les mouvements naturels du cheval, Beudant cherchait déjà obsessionnellement à imiter la nature (extrait de la préface d’Extérieur et Haute Ecole) :
…. »Assouplir l’animal, lui apprendre à répondre à la moindre indication formulée par la main et par les jambes, ne pas le gêner, développer ses aptitudes naturelles, l’amener à amplifier et à exagérer les mouvements de ses membres, telle est la progression. Il arrive ainsi à porter au maximum, toutes les facultés et les moyens du cheval et à lui faire rendre tout ce qu’il est susceptible de donner, sans jamais dépasser la limite du jeu physiologique des membres. »….
et avant lui le commandant Rousselet recommandait :
…. « Ne poussez pas trop loin l’étude scientifique… Bien plutôt, étudiez les lois de la nature, le plus souvent juste dans son oeuvre, savante par elle-même, et en la consultant, vous arriverez plus sûrement au but »…..
Encore faut-il y associer l’incontournable mise en selle sans laquelle tout érudits que nous puissions être, le manque d’accord de notre gestuelle dans les allures naturelles du cheval nous enlève tout espoir de pouvoir agir à propos !
Sans faire l’apologie de l’inculture, il ne faut pas oublier qu’on ne peut pas être Maître de forge sans développer sa dextérité à manier le marteau sur l’enclume !
Je ne peux qu’inciter à monter beaucoup, encore et encore, chercher à « s’emboîter » dans le corps du cheval sans le contraindre ni le gêner…. C’est exclusivement de cette aisance en selle que naît la précision des aides…. C’est tout du moins ce que je crois, et les cavaliers raccrochés par la main et par les jambes sur des chevaux comprimés le démontrent aisément !
Oui mais alors comment faire pour donner envie à notre compagnon de rentrer dans nos rênes pour se poser dans la main. Pour quelle raison le ferait-il , au fond?
En ayant pris le temps « d’apprivoiser » la bouche, celle-ci en vient à chercher le contact de la main, un peu comme un enfant qui prend la main du parent….